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EXERCICE 58, UNITÉ I
3.2.1. L'inversion du sujet dans les phrases déclaratives


CONSIGNE
Encadrez par des astérisques (***) les inversions du sujet nominal ou pronominal obligatoires dans les incises du discours rapporté (règle grammaticale 2).



     L'engagement politique de Malraux, plus spécialement dans la phase de l'entre-deux-guerres, avant 1940, est indissociable d'une réflexion philosophique qui l'explique et le justifie. Le trait caractéristique de la démarche politique de Malraux, c'est, effectivement, comme le soulignait Emmanuel Mounier, « une étroite fusion entre l'aventure politique, l'aventure esthétique et l'aventure métaphysique ». Chez lui, la pensée et l'action sont indissociables et n'ont de signification que l'une par rapport à l'autre. Cette réflexion philosophique, qui éclaire le sens de son engagement politique et celui de ses héros, s'est développée dès ses premiers ouvrages sur deux plans : d'une part, une réflexion métaphysique sur la condition humaine et ses limites et, d'autre part, une réflexion historique sur la transformation de l'Occident au lendemain de la Première Guerre mondiale. Sans cet arrière-fond il est impossible de comprendre la véritable nature des rapports de Malraux avec la politique. La réflexion métaphysique de Malraux est dominée par la présence obsédante de la mort, comme nous l'avons déjà illustré ci-dessus. Aux yeux de l'auteur de La Condition Humaine, l'expérience de la mort semble donc démasquer le mystère essentiel de la vie, dont l'évolution échappe, à ses moments les plus déterminants, à la volonté de l'homme, en le soumettant à d'inintelligibles et arbitraires fatalités : « Nous savons que nous n'avons pas choisi de naître, que nous ne choisissons pas de mourir. Que nous n'avons pas choisi nos parents. Que nous ne pouvons rien contre le temps ». Cette incohérence, il la voit également découler de l'impuissance de l'homme devant la nature, devant « l'indifférence du monde », devant « l'intarissable fatalité des astres », comme de la lutte avec la souffrance sur laquelle se brise inéluctablement l'aspiration de chaque homme au bonheur : « L'homme est absurde parce qu'il n'est maître ni du temps, ni de l'angoisse, ni du Mal ; le monde est absurde parce qu'il implique le Mal et que le Mal est le péché du monde ». De ce fait l'individu, prisonnier de sa condition, est condamné à endurer péniblement cette absurdité, cette vanité de l'existence, ce vertige de l'inconcevable dès lors que sa pensée se hasarde à analyser la signification de la vie humaine. La clairvoyance ne peut alors qu'entraîner l'angoisse, qui est donc le sort de chaque être humain : « Tous souffrent ... et chacun souffre parce qu'il pense. Tout au fond, l'esprit ne pense l'homme que dans l'éternel et la conscience de la vie ne peut être qu'angoisse ». Cette prise de conscience de l'absurdité de la condition humaine ne peut donc être, aux yeux de Malraux, que l'aboutissement de tout homme qui raisonne. Mais, en même temps, elle correspond également à un moment historique, celui de la crise dans laquelle lui semble glisser l'Occident au lendemain de la Première Guerre mondiale. En effet, tout au long des époques, l'homme a essayé d'exorciser son angoisse en recherchant un sens à la vie dans des symboles religieux ou philosophiques. Ainsi l'homme occidental a-t-il trouvé durant des siècles dans le christianisme la réponse à ses interrogations, qui donnait un sens à sa disparition et à ses tourments. Mais, depuis le XVIIIème siècle, l'homme occidental a rejeté le message chrétien et dorénavant, pour lui, le monde est devenu incompréhensible. « Au centre de l'homme européen, dominant les grands mouvements de la vie, constate Malraux, il est une absurdité essentielle ». En effet, signale encore Malraux, si l'humanisme individualiste et rationaliste qui s'est substitué au christianisme a pu faire illusion durant quelques décennies, il est désormais à bout de souffle et laisse l'homme européen en proie à des interrogations qui n'ont plus de réponse : « Pour détruire Dieu et après l'avoir détruit, l'esprit européen a anéanti tout ce qui pouvait s'opposer à l'homme : parvenu au terme de ses efforts, comme Rancé devant le corps de sa maîtresse, il ne trouve que la mort... Et jamais il ne fit plus inquiétante découverte... ». (1)



     Le 8 mai 1945, le Te Deum de la victoire est célébré à la cathédrale de Strasbourg, en présence du général de Gaulle. Malraux y assiste, coiffé du béret des combattants. L'écrivain ne s'est jamais trouvé face au général de Gaulle. C'est un peu plus tard, à Paris, que les deux hommes auront leur première entrevue.
     Pour son retour à la vie civile, Malraux n'est pas sans projets. Il entend se consacrer à La Psychologie de l'Art, commencé peu avant la guerre, et réécrire peut-être la partie de La Lutte avec l'ange détruite par les Allemands.
     La politique, telle qu'elle lui est apparue au congrès du M.L.N. [Mouvement de libération nationale] ne l'attire guère, pas plus qu'une certaine littérature engagée ; il ne rejoindra pas les écrivains de gauche qui se sont regroupés autour de Jean-Paul Sartre pour créer la revue Les Temps Modernes ; « J'ai vu le numéro zéro, déclare-t-il au début de l'année 1945, elle sera extraordinairement non littéraire, antilittéraire, et puis elle sera ennuyeuse. Pour qu'un article paraisse à Sartre digne d'être lu aux fins de publication, il faut qu'il ait un minimum de 400 pages ».
     En ce printemps 1945, où la vie politique française connaît une très grande activité, Malraux reste disponible. Il ne le demeurera guère. Peu de temps après le congrès du M.L.N., Malraux, qui vient fréquemment à Paris, rend visite à son ami Edouard Corniglion-Molinier. Ce dernier, qui écrit un livre avec le médecin du général de Gaulle, en lit des passages à quelques personnes, dont Gaston Palewski et le capitaine Guy. C'est ainsi, écrit Malraux, « que je fis la connaissance du fameux entourage ». Au cours de cette entrevue, l'écrivain développe un projet qui lui tient à cœur : la transformation de l'enseignement par l'emploi des moyens audiovisuels, les techniques d'information et de propagande et notamment les sondages d'opinion que n'utilisaient pas encore les services gouvernementaux. Cette visite allait marquer un autre tournant dans la vie de Malraux. En effet, après l'entourage, il allait rencontrer le chef.
     Malraux raconte longuement dans ses Antimémoires dans quelles circonstances il a été amené à voir, pour la première fois, l'homme du 18 juin.
     A la suite d'un coup de téléphone, un mystérieux interlocuteur – qu'il ne nomme pas – vient le voir un soir dans sa résidence de Boulogne et lui dit simplement : « Le général de Gaulle vous fait demander, au nom de la France, si vous voulez l'aider ». « La question ne se pose pas » répond Malraux qui, quelques jours plus tard, est convoqué au ministère de la Guerre. (2)



(1) Battesti-Venturini MM, http://ecrits-vains.com/points_de_vue/malraux03.htm, consulté le 10.04.08.
(2) Battesti-Venturini MM, http://ecrits-vains.com/points_de_vue/malraux05.htm, consulté le 10.04.08.










 
 
 

 

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