Développement   

 

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EXERCICE 16, UNITÉ IV
1.2. Ajouter en changeant de perspective

CONSIGNE
Introduisez dans les extraits suivants soit aussi à valeur conclusive (avec inversion du pronom sujet), soit aussi à valeur d'ajout. Pour cela, réécrivez la phrase en gras dans laquelle aussi doit être employé et indiquez la valeur de aussi.

EXEMPLE 1
L'animal, ne pouvant fixer directement le carbone et l'azote qui sont partout présents, est obligé de chercher, pour s'en nourrir, les végétaux qui ont déjà fixé ces éléments ou les animaux qui les ont empruntés eux-mêmes au règne végétal. L'animal est donc nécessairement mobile. Depuis l'Amibe, qui lance au hasard ses pseudopodes pour saisir les matières organiques éparses dans une goutte d'eau, jusqu'aux animaux supérieurs qui possèdent des organes sensoriels pour reconnaître leur proie, des organes locomoteurs pour aller la saisir, un système nerveux pour coordonner leurs mouvements à leurs sensations, la vie animale est caractérisée, dans sa direction générale, par la mobilité dans l'espace. Sous sa forme la plus rudimentaire, l'animal se présente comme une petite masse de protoplasme enveloppée tout au plus d'une mince pellicule albuminoïde qui lui laisse pleine liberté de se déformer et de se mouvoir. Au contraire, la cellule végétale s'entoure d'une membrane de cellulose qui la condamne à l'immobilité. Et, de bas en haut du règne végétal, ce sont les mêmes habitudes de plus en plus sédentaires, la plante n'ayant pas besoin de se déranger et trouvant autour d'elle, dans l'atmosphère, dans l'eau et dans la terre où elle est placée, les éléments minéraux qu'elle s'approprie directement. Certes, des phénomènes de mouvement s'observent chez les plantes. Darwin a écrit un beau livre sur les mouvements des plantes grimpantes. Il a étudié les manœuvres de certaines plantes insectivores, telles que le Drosera et la Dionée, pour saisir leur proie. (1)

RÉPONSE
Aussi : à valeur d'ajout
(le premier élément : l'animal est nécessairement mobile)

Certes, des phénomènes de mouvement s'observent aussi chez les plantes.


EXEMPLE 2
Pourquoi rit-on d'un orateur qui éternue au moment le plus pathétique de son discours ? D'où vient le comique de cette phrase d'oraison funèbre, citée par un philosophe allemand : « Il était vertueux et tout rond » ? De ce que notre attention est brusquement ramenée de l'âme sur le corps. Les exemples abondent dans la vie journalière. Mais si l'on ne veut pas se donner la peine de les chercher, on n'a qu'à ouvrir au hasard un volume de Labiche. On tombera souvent sur quelque effet de ce genre. Ici c'est un orateur dont les plus belles périodes sont coupées par les élancements d'une dent malade, ailleurs c'est un personnage qui ne prend jamais la parole sans s'interrompre pour se plaindre de ses souliers trop étroits ou de sa ceinture trop serrée, etc. Une personne que son corps embarrasse, voilà l'image qui nous est suggérée dans ces exemples. Si un embonpoint excessif est risible, c'est sans doute parce qu'il évoque une image du même genre. Et c'est là encore ce qui rend quelquefois la timidité un peu ridicule. Le timide peut donner l'impression d'une personne que son corps gêne, et qui cherche autour d'elle un endroit où le déposer.
     Le poète tragique a soin d'éviter tout ce qui pourrait appeler notre attention sur la matérialité de ses héros. Dès que le souci du corps intervient, une infiltration comique est à craindre. C'est pourquoi les héros de tragédie ne boivent pas, ne mangent pas, ne se chauffent pas. (2)

RÉPONSE
Aussi : conclusif
(conclusion du paragraphe)

Aussi le poète tragique a-t-il soin d'éviter tout ce qui pourrait appeler notre attention sur la matérialité de ses héros.



1. […] chacun de nous a sa manière d'aimer et de haïr, et cet amour, cette haine, reflètent sa personnalité tout entière. Cependant le langage désigne ces états par les mêmes mots chez tous les hommes ; il n'a pu fixer que l'aspect objectif et impersonnel de l'amour, de la haine, et des mille sentiments qui agitent l'âme. (3)



2. On dit que les inventeurs, soit qu'ils écrivent, soit qu'ils sculptent ou peignent, recherchent l'originalité. Cette idée veut être examinée de près. Je sais qu'une œuvre d'art est unique, distincte, neuve, non imitée, inimitable ; mais j'ai remarqué que le paradoxe ne s'élève jamais beaucoup, et que la grandeur, je pense surtout ici à l'écrivain et au poète, est toujours dans le lieu commun. Dans le lieu commun est la difficulté véritable, et aussi l'originalité véritable. (4)



3. Il [le jardinier] veut plaire par la juxtaposition ou le mélange de certaines couleurs. Or je remarque qu'il ne compose pas ses couleurs. Les espèces et les saisons les lui imposent, ainsi que la forme et la grandeur de la touche élémentaire. Il faut dire que ces couleurs ne cessent de changer selon l'heure et selon l'âge ; et que les ombres, en cet art qui aménage la nature pour le repos de l'homme, ne sont pas tant des signes du relief que des couleurs encore, qui exercent, par contraste, une action reposante. En toutes ses recherches, le jardinier, ce peintre, obéit à la nature, sans l'imiter. (4)



4. Un peintre avoue souvent que le premier caractère d'une belle œuvre de peinture est qu'elle fait une belle tache de couleur, harmonieuse, balancée ; oui, belle même si le tableau est tête en bas, même si l'on ne saisit pas encore du tout ce que le peintre a voulu représenter. Il est bien clair que l'image peinte, scène ou portrait, discipline ce premier sentiment ; il est clair qu'elle ne le supprime point. Cette entrée de couleur établit aussitôt cette émotion de santé et d'humeur où les plus hauts sentiments puisent leur vie. Et sans doute de ce chaos d'abord pour l'esprit, mais déjà ordonné par rapport à nos fibres vivantes, il se fait une naissance miraculeuse qui recommence à chaque regard. (4)



5. L'artiste, le saint, le sage offrent à tous les temps le modèle de l'homme qui pense selon soi, qui ne flatte pas, qui ne cherche pas l'éloge, qui ne fonde pas une association avec statuts. Mais ils sont les seuls honorés ; ils font l'humanité à eux trois ; car, par cette négation énergique de société, ils font aussitôt société. Le saint et le sage sont rares ; la modestie quelquefois les rassemble en troupeau, Eglise ou Académie. (4)



(1) Bergson H., 1907, L'évolution créatrice, Paris, P.U.F., (Frantext).
(2) Bergson H., 1900, Le rire. Essais sur la signification du comique, Alcan, Paris, (Frantext).
(3) Bergson H., 1988, Essai sur les données immédiates de la conscience, Paris, PUF, (Frantext).
(4) Alain, 1931, Vingt leçons sur les Beaux-Arts, Paris, Éditions Gallimard (Frantext).





 
 
 

 

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