Développement   

 

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EXERCICE 74, UNITÉ IV
3.1. Clarifier


CONSIGNE
Quel type de formulation
autrement dit introduit-il ?
Autrement dit introduit :
- une formulation spécialisée ou savante
- une formulation succincte et/ou simple
- une formulation qui sert à rendre explicite l'une des implications de ce qui vient d'être développé
- une formulation qui sert à développer ce qui précède

EXEMPLE
« […] le coupage d'un vin apte à produire un vin de table blanc, ou d'un vin de table blanc avec un vin apte à produire un vin de table rouge ou avec un vin de table rouge ne peut pas produire un vin de table ». Autrement dit, quelle que soit l'étape de fermentation considérée, on ne peut pas mélanger deux vins de table de couleurs différentes pour fabriquer un troisième vin, qui peut avoir l'aspect d'un vin rosé selon les proportions choisies dans les vins coupés. (392 : 2008-2009)

RÉPONSE
Autrement dit introduit : une formulation spécialisée.



1. La musique savante n'appartenant pas au même titre que la littérature classique à l'univers de la culture scolaire, on conçoit mal en quoi peut consister le rôle de l'école en la matière, d'autant plus que celle-ci abrite parallèlement des formes de sociabilités qui, en matière musicale, sont les principaux vecteurs de diffusion des modes juvéniles et des mouvements contre-culturels. On peut bien sûr penser ici au mécanisme d'« assignation statutaire » décrit par Bourdieu dans La distinction, en vertu duquel la minorité d'élèves issus des classes populaires se serait traditionnellement trouvée encouragée à adopter les normes culturelles du milieu auquel le succès scolaire leur donnait accès (celui des « héritiers »), ce mécanisme opérant ainsi paradoxalement de la manière la plus visible dans les domaines les plus éloignés de l'univers scolaire proprement dit (Bourdieu, 1979). Autrement dit, l'effet apparent du capital culturel masquerait l'influence de la socialisation scolaire et de la morphologie du groupe des pairs. (1)



2. Le marché des concerts de musique ancienne a connu un développement spectaculaire depuis la fin des années soixante-dix : depuis vingt-cinq ans environ, en effet, des ensembles de musique ancienne interprètent les œuvres du passé en leur appliquant les conventions d'interprétation qui étaient en vigueur lors de leur création. Le mode de diffusion des productions de musique ancienne repose sur des relations commerciales : les ensembles montent une production et la vendent à plusieurs organisateurs de concerts, en France ou à l'étranger. C'est à ce marché que je vais ici m'intéresser, en laissant de côté le marché qui s'établit entre les organisateurs et les consommateurs finaux, le public. Ces deux marchés reposent en effet sur des modes de commercialisation profondément hétérogènes : là où le marché qui s'établit entre les ensembles et les organisateurs repose, on le verra, sur une relation bilatérale fortement personnalisée entre les acteurs de l'échange, le marché qui met aux prises les organisateurs et le public met face à face un vendeur et une foule indéterminée d'acheteurs potentiels, et repose par conséquent sur des modes de commercialisation beaucoup plus impersonnels. Les enjeux analytiques liés à ces deux marchés sont donc nécessairement distincts, et la stratégie de recherche qui consiste à les isoler peut gagner en pertinence ce quelle perd en extension. Mais est-il possible de les considérer séparément ? Autrement dit, si ces marchés sont hétérogènes, sont-ils pour autant désindexés l'un de l'autre ? (2)



3. En matière de comportement électoral, et selon certains spécialistes (par exemple, Green, Shapiro, 1995), il est difficile de formuler des lois dont la validité puisse être universelle. La diversité des dispositions des lois électorales, la variété des modes de scrutin, les particularités institutionnelles, selon les pays et les époques, incitent en effet à la prudence, prudence qui serait justifiée, de toute façon, en raison de l'hétérogénéité du monde. Autrement dit, en ce domaine, ce qui semble vrai, ici, maintenant, peut s'avérer faux, demain, ailleurs. Dans leur article de 1995, Alexander C. Pacek et Benjamin Radcliff rappellent que ce que l'on peut observer dans un cas particulier (par exemple, les élections présidentielles aux Etats-Unis) peut ne pas se produire dans d'autres cas. Ils soulignent à ce propos que l'impact électoral de la conjoncture économique varie selon les pays et les époques. (3)



4. Si l'objectif est bien d'expliquer le vote, il y a lieu d'éviter les simplifications qui mènent à considérer les élections comme des plébiscites (sur la performance économique des gouvernements) ou des référendums (sur les promesses économiques des partis). Il faut, certes, tenir compte des thèses selon lesquelles les électeurs voient l'élection à travers le prisme de leur mémoire (les événements passés étant considérés comme ceux qui comptent le plus) ou à travers le prisme de leurs attentes (le futur étant considéré comme l'enjeu des scrutins). Mais il faut aussi intégrer, dans des modèles complexes, bien d'autres variables et tenir compte de facteurs qui ne s'expriment pas par des données quantifiables. Il ne s'agit pas seulement de savoir si l'économie influence ou non le vote, la réponse affirmative est évidente. Il ne s'agit pas seulement de savoir si la conjoncture économique peut, parfois, faire la différence entre la défaite et la victoire des sortants, on sait que cela est possible. Mais on sait aussi que certains partis majoritaires survivent à une conjoncture défavorable alors que d'autres ne sont pas sauvés par une conjoncture favorable. Autrement dit, la relation entre la conjoncture économique et le vote, loin d'être constante, est même ambiguë. (3)



5. Avec ses caractéristiques de flexibilité temporelle et spatiale, avec son caractère « permissif », la voiture dessine une écologie qui lui est propre, « c'est la possibilité d'un contact quotidien dans un espace plus large qui constitue la contribution significative de l'automobile ». Or, ce trait propre à la voiture s'exprime tant en zone rurale qu'en milieu urbain ; autrement dit, l'écologie automobile ne se confond ni avec la spatialité villageoise, ni avec le système citadin. Elle correspond à l'émergence d'une nouvelle « aire » sociale, d'un nouveau cercle spatial d'accessibilité sociale que Mueller, à la suite de McClintock, qualifie de régional. Cette écologie n'est plus définie selon lui par les infrastructures de transport existantes – que les sociologues de Chicago voyaient principalement converger vers le centre urbain – mais se dessine tout au long de ces « filets capillaires » que sont les rues, routes et voies carrossables. (4)



6. De manière générale, les années 1927-1928 semblent constituer pour les écologues du milieu urbain le moment d'une prise de conscience forte de la présence et de l'importance de l'automobile dans les évolutions socio-spatiales de la société américaine dans son ensemble […]. Si, pour Mueller, l'automobile ne prend comme dépendance ni la bâtisse rurale ni l'immeuble urbain (ou s'approprie en même temps l'une et l'autre), c'est avant tout parce que l'échelle de son étude est non pas une ville ou même la ville, mais bien la société tout entière, c'est-à-dire la nation américaine. Mueller ne veut pas limiter son analyse à un espace concret – comme le feront au même moment les Lynd dans leur étude magistrale sur Middletown (1929), où ils traitent amplement des effets de la motorisation. Et s'il ne le fait pas, c'est parce qu'une écologie de l'automobile n'est pas, comme on l'a vu, l'objectif premier de sa thèse […]. Ce qui l'intéresse, ce sont moins les « implications sociales de l'automobile » (auxquelles il consacre la deuxième partie de son texte et où il évoque les questions écologiques) que les « réactions » de l'opinion publique à son sujet, l'adaptation « culturelle » de la société américaine à cette innovation « technique », pour reprendre une distinction utilisée en finale de la thèse. Dans le seul commentaire qui, à notre connaissance, sera jamais publié au sujet de celle-ci, Burgess ne manquera pas de souligner ce déséquilibre, certes avec une subtile délicatesse caractéristique des rapports internes au champ scientifique : présentant la thèse comme « la première tentative sérieuse et complète d'évaluer les conséquences sociales de l'automobile », il fait néanmoins remarquer que « cette étude sociologique pionnière devrait stimuler la réalisation d'autres études détaillées, qui pourraient être consacrées, notamment, aux expériences de réorganisation de la vie rurale et urbaine en fonction des nouvelles tendances engendrées par l'automobile ». Autrement dit, l'étude de Mueller, dans sa forme finale, ne constitua pas aux yeux des maîtres de Chicago, contrairement à de nombreuses autres produites en cette même période, un document susceptible d'être valorisé (par exemple par l'intermédiaire d'une publication) dans leur entreprise académique qui, en cette fin des années vingt, s'attachait principalement à établir la spécificité de l'écologie humaine. (4)



7. […] si la thèse de Mueller repose sur une méthodologie indéniablement avancée pour la sociologie américaine de l'époque, elle reste néanmoins en retrait par rapport aux options novatrices du département de sociologie de Chicago. En quoi consiste en effet la tâche du sociologue selon Park et ses collègues ? Elle exige avant tout de se rendre sur le terrain. Or, c'est précisément ce que Mueller ne fait pas. Certes, son travail n'est pas purement spéculatif et mobilise un certain nombre de « matériaux concrets » que valorisait la démarche chicagolaise. Il fait ainsi une utilisation abondante de la presse, des revues de vulgarisation scientifique et de nature économique ou financière, de statistiques d'origine administrative, parfois même de données non publiées, telles que celles provenant de la police de Chicago. Il exploite également des documents inédits (tels des manuscrits, des lettres, ou un testament et un entretien) ainsi que certains documents administratifs, promotionnels et judiciaires. En revanche, il n'y est fait mention d'aucune démarche d'observation directe, ni de conversations (à l'exception d'un entretien), ou de références à des expériences personnelles des individus. Autrement dit, contrairement à la majorité des thèses effectuées à Chicago à cette époque, à tout le moins celles publiées et devenues célèbres, n'y apparaît aucune « note de terrain » qu'aurait produite notre chercheur. Si Mueller présente un certain nombre de graphiques et de tableaux statistiques, il ne fournit en revanche ni cartes ni photographies – les deux outils favoris des sociologues de Chicago. (4)



(1) Coulangeon P., 2003, « La stratification sociale des goûts musicaux : Le modèle de la légitimité culturelle en question », Revue Française de Sociologie, vol. 44, n° 1.
(2) François P., 2004, « Prototype, concurrence et marché : le marché des concerts de musique ancienne », Revue Française de Sociologie, vol. 45, n° 3.
(3) Bernard A., 1997, « La conjoncture économique et le vote : une relation ambiguë », Revue Française de Sociologie, vol. 38, n° 2.
(4) Lannoy P., 2003, « L'automobile comme objet de recherche, Chicago, 1915-1940 », Revue Française de Sociologie, vol. 44, n° 3.







 
 
 

 

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