Développement   

 

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EXERCICE 66, UNITÉ IV
3.1. Clarifier


CONSIGNE
Quelle valeur particulière peut-on attribuer aux groupes de mots introduits par
donc ?
- attribution d'un sens particulier lié au contexte (le sens est annoncé par ce qui précède)
- attribution d'un sens particulier lié au contexte (le sens est développé dans ce qui suit)
- attribution d'un sens particulier lié au contexte (le sens n'est ni annoncé, ni développé par la suite)
- rappel d'un fait connu, attesté

EXEMPLE
Puisqu'il faut ici faire un cours de sémantique élémentaire, rappelons qu'aliéner en français (ou « alienate » en anglais) vient de alienare (de alienus, « qui appartient à un autre, alius ») et désigne tout mouvement vers un autre avec cette idée de prise de l'autre sur la chose qui était sienne ou sur soi (comme dans l'aliénation mentale ou l'aliénation dans les écrits du jeune Marx) ; en un sens un peu vieilli, le terme signifie l'éloignement ou le fait de rendre hostile (comme dans l'expression « s'aliéner les esprits ») ; au sens technique de la langue juridique, qui reste en anglais comme en français le sens principal, l'aliénation désigne tout acte qui transfère à un autre la propriété sur une chose, transfert qui se fait dans un achat-vente ou à l'issue de toute sorte d'obligation, ou encore dans le don. Par définition, un bien aliénable est un bien qui peut être transféré et un bien inaliénable est un bien qui ne peut l'être (comme la terre en Afrique par exemple ou la personne chez nous) ; par définition, donc, un bien inaliénable ne saurait être donné et si un bien peut être donné, il ne saurait, toujours par définition, être inaliénable. C'est pourquoi parler de « dons de biens inaliénables » est un non-sens dans les termes. (1)

RÉPONSE
Valeur particulière : attribution d'un sens particulier lié au contexte (le sens est annoncé par ce qui précède)
L'auteur résume ce que tout ce qu'il vient de développer implique pour la définition de « bien inaliénable ».



1. Lorsqu'un sociologue investit un domaine de recherche, il est aussitôt confronté à des rapports de force, donc à des vocabulaires concurrents : s'il opte sans discernement pour le langage d'un des groupes en présence, il biaise d'emblée son travail. Lors d'une conférence récente, Becker a souligné cette difficulté en s'appuyant sur Asiles de E. Goffman : ce dernier a justement évité cet écueil, en ne définissant pas les individus internés dans les hôpitaux psychiatriques à partir du vocabulaire employé par le personnel hospitalier. Pour le cannabis, Becker souligne de même le poids des mots utilisés : faut-il parler d'addiction ou d'usage ? (2)



2. Que dans les collèges à faible effectif, l'écart entre les demandes d'orientation à la fin de la cinquième et les décisions des conseils de classe soit faible ou nul n'a rien de surprenant. Dans ces collèges, la classe de cinquième ne constitue pas un palier d'orientation, en particulier si l'établissement ne dispose pas d'une offre de classe de quatrième diversifiée. Dans les petits collèges, les élèves de cinquième restent en quatrième dans le même établissement. La nécessité de maintenir le nombre de classes stable impose d'avoir des flux réguliers, donc de limiter le nombre de départs de l'établissement en fin de cinquième et le nombre de redoublements qui, s'il est trop élevé, bouleverse la répartition des moyens horaires entre les niveaux d'enseignement. (3)



3. […] dans les relations qu'établissent et entretiennent les êtres humains, il y a bien souvent des gestes altruistes qui font partie d'un système d'échanges réciproques, donc d'une coopération mutuellement avantageuse, sans que l'on n'y parle jamais des contreparties, et sans que l'on y cherche, à chaque moment donné, une situation d'équilibre. Ainsi, les hommes sont en mesure de produire constamment des obligations sociales les uns par rapport aux autres, afin de maintenir et de stabiliser la relation elle-même. En se référant à l'œuvre de M. Mauss sur les pratiques du don dans des sociétés archaïques, J. T. Godbout et A. Caillé sont allés jusqu'à voir, dans ce type d'échange, pour notre époque, le fondement du lien social primaire, source de sociabilité indispensable aux transactions qui ont lieu dans les sphères du marché et de l'Etat. Dans ce système, c'est bien à un mélange d'égoïsme et d'altruisme que l'on a affaire. Par ailleurs, si l'on regarde l'histoire du don depuis le Moyen Âge, celui-ci est resté, pendant des siècles, « entre pureté et impureté », c'est-à-dire qu'il n'y a guère eu, dans les différentes transactions non marchandes, d'altruisme sans arrière-pensées égoïstes, soit religieuses et liées à la contrepartie des indulgences, soit civiles, entraînant alors des récompenses en termes de distinction ou de puissance sociale. (4)



4. Dans de nombreux pays de l'OCDE [Organisation de Coopération et de Développement Economiques], le travail à temps partiel a connu un développement important depuis une vingtaine d'années, en même temps qu'il a provoqué une controverse sur le sens de son statut ; choix individuel en vue de concilier responsabilité familiale et activité professionnelle ou forme précaire d'emploi correspondant aux besoins de la flexibilité productive. La France et le Japon sont parmi les pays qui ont développé rapidement ce type de travail, tendant à le discriminer fortement de la norme de « l'emploi stable ». Mais cette discrimination se produit dans des contextes économiques et sociaux assez différents, en dépit du fait que la dynamique du travail à temps partiel semble liée un peu partout à la demande, donc aux stratégies des employeurs. (5)



5. De toutes les formes d'esclavage que nous donnent à voir les peuples anciens, celle de Rome nous apparaît comme une des pires. Dureté de la loi tout d'abord, telle qu'en témoignent les textes juridiques : l'esclave (servus) est défini comme res, homme sans droit, et le restera jusqu'à la fin de l'Empire ou presque. Dureté des traitements, tels qu'en témoignent les documents historiques et les textes littéraires : aux peines par le supplice bien connu de la croix, à l'enfermement dans l'ergastule [la prison], au travail en équipe sur les latifundia, s'ajoutent les cruautés gratuites, et tristement célèbres, des esclaves jetés aux murènes pour une faute légère ou suppliciés pour rendre plus vivante une pièce de théâtre.
     Le pouvoir du maître sur l'esclave semble avoir été discrétionnaire pendant toute l'époque de la République. Sans doute limité par la coutume et par l'opinion publique, ce pouvoir ne fait pas l'objet de législation. Tout change avec l'instauration de l'Empire (27 av. J.-c.) ; ce changement est d'autant plus spectaculaire qu'il suit de très près ce changement de régime. Une première loi, la lex Petronia, généralement datée de l'an 19 ap. J.-C., donc du règne de Tibère, deuxième empereur de la dynastie des Julio-Claudiens, défendait au maître de livrer un de ses esclaves aux bêtes sans une décision du magistrat. (6)



(1) Testart A., 2001, « Echange marchand, échange non marchand », Revue Française de Sociologie, vol. 42, n° 4.
(2) Peretti-Watel P., 2001, « Comment devient-on fumeur de cannabis ? Une perspective quantitative », Revue Française de Sociologie, vol. 42, n° 1.
(3) Masson P., 1997, « Elèves, parents d'élèves et agents scolaires dans le processus d'orientation », Revue Française de Sociologie, vol. 38, n° 1.
(4) Bode I., 1997, « Le difficile altruisme des groupes d'intérêt : Le cas du syndicalisme CFDT et de la mutualité ouvrière », Revue Française de Sociologie, vol. 38, n° 2.
(5) Nohara H., 1999, « L'analyse sociétale des rapports entre les activités féminine et masculine : Comparaison France-Japon », Revue Française de Sociologie, vol. 40, n° 3.
(6) Testart A., 1998, « Pourquoi la condition de l'esclave s'améliore-t-elle en régime despotique ? », Revue Française de Sociologie, vol. 39, n° 1.







 
 
 

 

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