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EXERCICE 70, UNITÉ III
3.2. Limiter les conséquences attendues ou la validité de [P]


CONSIGNE
Expliquez tout d'abord le rapport que l'auteur des extraits suivants établit entre [P] et [pour autant Q], puis en quoi [pour autant Q] limite les conséquences possibles de [P].

EXEMPLE
[Sur l'encadrement en personnel des personnes âgées, M. Hubert Falco] a observé que si la France, avec en moyenne 0,4 personne soignante pour une personne âgée, affichait un retard par rapport à l'Allemagne (1,2), la Finlande (0,6) ou l'Espagne (0,5), notre pays n'occupait pas, pour autant, la dernière place en Europe dans la mesure où le Royaume-Uni et la Belgique présentaient des ratios voisins du nôtre. (195 : 2003-2004)

RÉPONSE
L'auteur établit un rapport entre le retard d'un pays dans un certain domaine et son classement au niveau européen.
L'auteur montre que si le premier fait est incontestable en matière d'encadrement en personnel des personnes âgées (selon les statistiques, la France affiche un retard), celui-ci ne va pas jusqu'à placer la France à la dernière place.



1. Les années 1940-1945 virent s'affirmer la figure de la partisane ou de la Française libre, c'est-à-dire l'image de la jeune fille ou de la femme, engagée dans la défense nationale en tant qu'individu. Cette évolution de l'imaginaire social est fondamentale : tout en affirmant une modification du rapport que les femmes étaient censées entretenir avec la nation, elle vérifierait un processus d'émancipation féminine gage de citoyenneté, mais témoignerait aussi d'un changement en ce qui concerne l'identité de genre : les femmes devenant actives et étant investies de la puissance, voire, étant en mesure d'accomplir leur devoir en faisant couler le sang de l'ennemi. Pour autant, ce glissement des représentations, qui se serait vérifié conjointement à la mobilisation des Françaises par la France combattante, témoignerait-il effectivement d'un réajustement du genre généré par le conflit ? (1)



2. La participation des Françaises à la défense nationale a été le résultat d'un processus qui s'est affirmé tout au long du conflit [de la Seconde Guerre mondiale].
     La loi du 11 juillet 1938 sur l'organisation de la nation en temps de guerre prévoyait qu'« il serait fait appel à un personnel de complément, non mobilisable, et à des volontaires, des deux sexes, ayant reçu une instruction préliminaire spécialisée ». Pour autant, durant la drôle de guerre, les Infirmières Pilotes et Secouristes de l'Air (IPSA) restèrent clouées au sol et les volontaires féminines, telles celles des Sections Sanitaires Automobiles (SSA), continuèrent de « servir » à titre bénévole dans les structures de la Croix Rouge Française.



3. Si les Françaises furent sollicitées et stimulées surtout en tant que ménagères, l'appel aux armes concernait explicitement les jeunes filles. Certes, cette dernière figure était neuve pour la France de l'époque. Elle n'émergeait pas pour autant ex nihilo dans l'univers des représentations : l'image de la jeune femme, non encore mariée, accompagnant son père à la chasse ou à la guerre gît dans la galerie de portraits féminins des grands mythes universels. Or, si ce modèle a existé, il est demeuré l'exception : l'appel aux armes destiné aux femmes était symbolique, les organisations partisanes orientaient principalement les volontaires vers les formations sanitaires et les services sociaux des maquis.



4. La question du travestissement [des femmes engagées dans l'armée] était posée dans le regard que la société jetait sur ces femmes. Le discours de mobilisation ne portait pas de jugement sur ce point. Les affiches de recrutement, les appels aux Françaises au contraire affirmaient la féminité des engagées. Brossant le portrait de Lucie Aubrac, Maurice Schumann démontra admirablement comment l'occupation entraînait les femmes à modifier leurs pratiques de patriotes sans pour autant altérer leur identité de sexe.



5. […] si les femmes occupaient désormais une place dans l'imaginaire national de la France libérée, celle-ci était réduite à la portion congrue. A la Libération, les images de la nation renvoyées par la Résistance et par la France combattante, à travers la célébration du patriotisme et des valeurs guerrières, ont conduit à exacerber la virilité des Français mise à mal par la défaite et l'Occupation, puis par la présence des Alliés. De ce fait, l'idéal féminin type à la Libération restait celui de la ménagère. Ainsi, conjointement à l'acquisition de l'égalité politique et à la célébration des partisanes, les « bons Français » de la Libération ont participé ou assisté à la tonte de dizaines de milliers de femmes, accusées, pour une moitié d'entre elles, de « collaboration horizontale ». C'était ici l'affirmation que ces femmes, en ne préservant pas leur corps de l'ennemi, avaient trahi la nation. De fait, si la guerre avait conduit à un réajustement du genre, elle n'avait pas bouleversé, pour autant, les identités et les relations entre les sexes. Pour les Françaises, la fin de l'Occupation s'ouvrait sur une libération inachevée.



(1) Tous les passages sont extraits de Capdevila L., 2000, « La mobilisation des femmes dans la France combattante (1940-1945) », Clio. Histoire, femmes et sociétés, n° 12.



 
 
 

 

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