Développement   

 

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EXERCICE 68, UNITÉ IV
3.1. Clarifier


CONSIGNE
Quelle valeur particulière peut-on attribuer aux mots introduits par
donc ?
- attribution d'un sens particulier lié au contexte antérieur (le sens est annoncé par ce qui précède)
- attribution d'un sens particulier lié au contexte postérieur (le sens est développé dans ce qui suit)
- attribution d'un sens particulier lié au contexte (le sens n'est ni annoncé, ni développé par la suite)
- rappel d'un fait attesté, d'une connaissance commune entre auteur et lecteur

EXEMPLE
Puisqu'il faut ici faire un cours de sémantique élémentaire, rappelons qu'aliéner en français (ou « alienate » en anglais) vient de alienare (de alienus, « qui appartient à un autre, alius ») et désigne tout mouvement vers un autre avec cette idée de prise de l'autre sur la chose qui était sienne ou sur soi (comme dans l'aliénation mentale ou l'aliénation dans les écrits du jeune Marx) ; en un sens un peu vieilli, le terme signifie l'éloignement ou le fait de rendre hostile (comme dans l'expression « s'aliéner les esprits ») ; au sens technique de la langue juridique, qui reste en anglais comme en français le sens principal, l'aliénation désigne tout acte qui transfère à un autre la propriété sur une chose, transfert qui se fait dans un achat-vente ou à l'issue de toute sorte d'obligation, ou encore dans le don. Par définition, un bien aliénable est un bien qui peut être transféré et un bien inaliénable est un bien qui ne peut l'être (comme la terre en Afrique par exemple ou la personne chez nous) ; par définition, donc, un bien inaliénable ne saurait être donné et si un bien peut être donné, il ne saurait, toujours par définition, être inaliénable. C'est pourquoi parler de « dons de biens inaliénables » est un non-sens dans les termes. (1)

RÉPONSE
Valeur particulière : attribution d'un sens particulier lié au contexte (le sens est annoncé par ce qui précède)
L'auteur résume ce que tout ce qu'il vient de développer implique pour la définition de « bien inaliénable ».



1. Le sida est potentiellement en mesure de remettre en cause tant la centralité de l'hôpital public dans le secteur sanitaire que le monopole de l'expertise légitime, donc l'autorité, des praticiens hospitaliers. Ce risque est d'autant plus élevé que les premières années du sida ont porté atteinte à l'image d'un corps médical, et avec lui de tout un système de santé, entièrement maître des questions sanitaires. Affaiblis dans leur légitimité et l'image de leur efficacité, les médecins, et notamment les praticiens hospitaliers, ont dû reconquérir la confiance du « grand public » ainsi qu'une capacité d'expertise et de traitement, tout en gérant l'adéquation du sida avec l'organisation hospitalière et en répondant aux contestations dont ils étaient l'objet – et plus généralement à la multiplication d'initiatives dans le domaine sanitaire susceptibles de déplacer le centre de gravité en matière de prise en charge hors de l'hôpital. Deux formes nouvelles dans le domaine sanitaire, dont la mise en place coïncide avec le sida, permettent de rendre compte de ces évolutions : les Centres d'information et de soins de l'immunodéficience humaine (CISIH) et les Réseaux ville-hôpital (RVH). (2)



2. Considérée comme une réponse contribuant à rendre plus sûr un fonctionnement social menacé par le risque d'épidémie, la politique publique de dépistage de l'infection VIH, construite sur le volontariat et l'information des individus, est en partie une mesure d'anticipation (programmée centralement). Mais son succès dépend de sa diffusion dans l'univers hospitalier pour que sa mise en œuvre puisse se poursuivre par une stratégie d'amortissement du risque (par les acteurs impliqués, patients et médecins, en contact direct avec le risque). Replacé dans ce cadre, le succès de la politique de dépistage se joue donc bien plus au niveau individuel (médecin et malade) que central, par la possibilité de progresser par essais et erreurs, seule stratégie gagnante puisque seule capable d'augmenter l'information, donc la connaissance et finalement la capacité à réduire le risque. (2)



3. […] le vieillissement confronte l'individu à son déclin, à la marginalité sociale et économique, à la maladie, à la pénibilité croissante de la vie corporelle, mais aussi sociale et relationnelle, conduisant à la dévalorisation du quantum d'existence restant à parcourir. Ainsi, pour synthétiser l'idée, le lien entre âge et suicide viendrait de ce que l'âge (ou plus exactement, la jeunesse) est un capital de temps, une ressource de potentialités, donc d'espoir, qui s'érode peu à peu au cours du vieillissement ; de ce fait, à mesure qu'approche la mort naturelle, le risque de suicide croît aussi. (3)



4. […] les individus nés avant 1910 (milieu de la première transition), donc ceux qui avaient plus de 35 ans à la Libération, ont tous connu la Première Guerre mondiale, qu'ils fussent enfants ou plus âgés, les privations de la crise de l'entre-deux guerres, et la Deuxième Guerre mondiale. Le traumatisme collectif les conduit à conserver toute leur vie un certain tempérament suicidaire. (3)



5. L'un des résultats stables et récurrents des études statistiques sur la communication téléphonique résidentielle à partir du téléphone de maison est […] que plus les correspondants sont éloignés, plus les conversations téléphoniques sont longues (en moyenne) et espacées. Cet effet est d'autant plus marqué que les correspondants sont des proches, donc en particulier des membres de la famille et des amis. (4)



6. Les Tchèques, les Polonais, les Hongrois, les Slovaques et les autres peuples de l'ancien bloc de l'Est se sentent maintenant réintégrés à l'Europe d'où le communisme les avait exclus. Ce sentiment d'avoir été injustement exclu a été dépeint de façon poignante par Milan Kundera dans L'Occident kidnappé, un essai qui a été à l'origine du mouvement des intellectuels dissidents des années 1980. L'image de la culture et de l'européanité de l'Europe centrale que donne Kundera a été créée par opposition à celle déformée d'une Russie reléguée en Asie, zone barbare de non civilisation à la source d'une horreur sans limite. Le plaidoyer de Kundera pour que la culture tchèque soit à nouveau incluse en Europe n'est rendu rhétoriquement possible que par l'exclusion de la Russie. Mais ce n'est qu'un exemple. La culture européenne s'est toujours construite de la sorte, depuis l'opposition des Hellènes et des barbares dans la Grèce ancienne, jusqu'aux discours sur les races dans la culture coloniale. Peut-on concevoir une européanité, donc une littérature européenne, sans de tels procédés d'exclusion ? (221 : 2007-2008)



7. Tout se passe comme si nous avions oublié que, lorsqu'en 1812 Marie-Claude-Frédéric Vaultier, parlant de la traduction dans le système d'études, en rappelait les mérites réels : « des signes nouveaux apportent avec eux des idées nouvelles ; l'étude d'une grammaire étrangère éclaircit, par la comparaison, toutes les obscurités de la grammaire nationale : une lutte sans cesse renouvelée contre des termes et des tours donnés amène, avec l'habitude de s'exprimer avec précision, celle de varier les formes du style… ». Autrement dit, essayer de comprendre une littérature étrangère revient à prendre une distance avec sa propre langue, avec ses propres pensées, donc à renforcer en même temps sa langue, sa culture et, au-delà, son identité. (221 : 2007-2008)



8. Le désir d'Europe, et, donc, d'une pédagogie des cultures et des littératures européennes, sont les plus manifestes dans les pays qui se trouvaient, naguère, derrière le Rideau de Fer : tous les auteurs « occidentaux » bannis durant la période soviétique – et même le fonds culturel gréco-latin, largement nié de 1945 à 1981 – sont considérés comme une découverte précieuse, dont un enseignement adapté doit faire profiter la jeunesse. (221 : 2007-2008)



(1) Testart A., 2001, « Echange marchand, échange non marchand », Revue Française de Sociologie, vol. 42, n° 4.
(2) Dalgalarrondo S., Urfalino P., 2000, « Choix tragique, controverse et décision publique : Le cas du tirage au sort des malades du sida », Revue Française de Sociologie, vol. 41, n° 1.
(3) Chauvel L., 1997, « L'uniformisation du taux de suicide masculin selon l'âge : effet de génération ou recomposition du cycle de vie ? », Revue Française de Sociologie, vol. 38, n° 4.
(4) Licoppe C., 2002, « Sociabilité et technologies de communication. Deux modalités d'entretien des liens interpersonnels dans le contexte du déploiement des dispositifs de communication mobiles », Réseaux, n° 112-113.






 
 
 

 

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