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EXERCICE 32, UNITÉ IV
1.4. Clore une énumération


CONSIGNE
Retrouvez la série d'éléments (points, arguments, etc.) que ferme enfin.

EXEMPLE
[…] lorsque l'être humain a créé les images, il a aussi créé les moyens de s'en protéger, en se dotant de moyens pour prendre de la distance vis-à-vis d'elles. Mais la nouveauté, aujourd'hui, est qu'on ne peut plus laisser à l'ordre du hasard ou du bricolage personnel l'apprentissage de ces moyens, et qu'ils doivent faire l'objet d'une « éducation aux images ». En effet, les images ont changé. Elles sont tout d'abord de plus en plus réalistes, les trucages sont de moins en moins visibles, la distinction fiction/actualité tend à s'effacer dans les représentations. Elles sont par ailleurs de plus en plus imprévisibles : nous l'avons vu le 11 septembre, nous le verrons probablement durant la guerre d'Irak… Enfin, des images qui n'ont pas un contenu explicitement violent peuvent malmener et faire violence à certains spectateurs, soit par leur contenu qui peut leur rappeler un traumatisme personnel, soit seulement par leur montage : des images qui durent une ou deux secondes, présentent des variations lumineuses importantes et sont accompagnées de bruits cardiaques ou respiratoires sont émotionnellement très stressantes.
     Ces trois caractères amènent, surtout chez les plus jeunes, une grande confusion émotionnelle et une perte du sens face aux images. Cette confusion peut se produire face à des spectacles de fiction, d'actualité ou de publicité. (352 : 2002-2003)

RÉPONSE
Les trois changements subis par les images :
- Elles sont tout d'abord de plus en plus réalistes ;
- Elles sont par ailleurs de plus en plus imprévisibles ;
- Enfin, des images (…) peuvent malmener et faire violence à certains spectateurs




1. L'histoire de l'Europe n'est pas une histoire qui va de soi. Dire qu'il est légitime de l'écrire suppose que l'Europe soit un objet aisément identifiable. Or, comme l'antique héroïne qui lui a donné son nom, elle est insaisissable, sauf pour Zeus métamorphosé pour la bonne cause en beau taureau blanc. Autant dire insaisissable pour le commun des mortels. Faut-il avoir l'impertinence de sortir de sa condition humaine et tenter de saisir l'Europe, tenter de la comprendre historiquement ? Et cette impertinence historique peut-elle aboutir à une histoire pertinente ? Après tout, écrire l'histoire de l'Europe, c'est peut-être la forcer une deuxième fois, la forcer à avoir une unité de lieu, une fluidité dans le temps et une homogénéité dans l'action qu'elle n'a pas eues forcément. Ecrire l'histoire d'objets situés en Europe n'est pas pour autant écrire l'histoire de l'Europe, puisque les objets qu'elle situe ne la constituent pas nécessairement. Bien plus, faire à tout prix de l'Europe un objet d'histoire risque de l'ériger en sujet de l'histoire, ou, pis, en fin de l'histoire, avec la construction européenne comme happy end, c'est-à-dire comme fin mot de cette histoire. Finalement, construire l'Europe comme objet d'histoire, n'est-ce pas contribuer involontairement à construire l'Europe tout court ? Cette opération, civiquement légitime, est-elle valide scientifiquement ?
      Voilà assurément une histoire à risques. C'est peut-être ce qui en fait son charme. Sans doute faut-il oser prendre le taureau par les cornes et assumer ces risques, tout d'abord en les analysant et en les mesurant. Puis, pour chercher à les dépasser, il convient de transformer cette histoire problématique en une histoire problématisée. En d'autres termes, l'histoire de l'Europe doit être moins une mise en intrigue, fatalement fallacieuse, qu'une mise à plat sous la forme d'un « problème » à déchiffrer à travers une grille de lecture qui aide à éviter anachronismes et illusions rétrospectives. Enfin, cette chasse aux fausses concordances de temps peut mettre en valeur plusieurs histoires de l'Europe, dont une histoire du temps présent, en plus grande discordance qu'on ne le croit d'ordinaire avec l'histoire longue de l'Europe. (1)



2. A l'époque moderne, c'est de la guerre que sont nées les nations de l'Europe. Le nombre des unités politiques en Europe est passé de quelque 500 en l'an 1500 à quelques dizaines au début du 19e siècle : c'est par les guerres que la plupart d'entre elles ont disparu, absorbées dans des unités plus vastes. L'Europe des nations a été dessinée par les traités de Westphalie en 1648, qui concluaient la guerre de Trente Ans, puis par le congrès de Vienne en 1815 à la suite des guerres de la Révolution et de l'Empire et, enfin, par les traités qui sanctionnèrent la fin de la Première Guerre mondiale en 1919. (2)



3. Nous proposons de désigner par cette expression [la conscience européenne] le sentiment, socialement partagé, d'une nécessité vitale de construire l'Europe. Relevant plutôt d'une dimension morale et politique, cette conscience de la nécessité ou de l'urgence de faire l'« Europe » est différente de l'identité européenne. On peut être Européen, se sentir Européen sans ressentir la nécessité de faire l'Europe. Plus récente, la conscience européenne est un des phénomènes importants du 20e siècle, façonnée par ses grandes tragédies. Elle ne se réduit pas à l'ancienne idée d'Europe, c'est-à-dire au simple projet d'unité européenne formulé par quelques prophètes. La « conscience » collective suppose un ancrage social plus profond de l'idée, ancrage déclenché par les grands chocs inaugurés par la guerre de 1914-1918 : « S'unir ou mourir », tel était le titre vigoureux du livre de Gaston Riou publié en 1929, dix ans après la fin du grand carnage que la majorité des Européens ne voulait pas revoir (« plus jamais ça ! »). […] La conscience européenne ne meurt pas avec les débuts de la construction de l'Europe : elle désigne dès lors le sentiment de nécessité de poursuivre un mouvement.
     Existe-t-il un sentiment européen, phénomène calqué sur la notion d'un autre sentiment collectif, le « sentiment national » ? Ce sentiment dépasserait la simple conscience rationnelle d'une nécessité et désignerait toute l'affectivité investie dans l'idée européenne, c'est-à-dire l'ensemble des réflexes, des pulsions, y compris les forces irrationnelles, au service de la « cause » de l'Europe. Le sentiment européen supposerait que l'adhésion est non simplement de raison, mais d'inclination. Il impliquerait l'acceptation non seulement des droits qui découlent de l'unité européenne ou de l'espoir d'unité, mais aussi des devoirs qu'implique cette construction. De fait, l'histoire du sentiment européen risque de se réduire à l'histoire du mouvement européen et de ceux qui s'y sont engagés – ce qui n'est d'ailleurs pas rien. Si ce sentiment anime très tôt les militants, en nombre variable depuis les années 1920, il est peu répandu dans les sociétés au 20e siècle, tant il rencontre précisément la concurrence des sentiments nationaux, bien plus vifs et plus enracinés. La patrie, le patriotisme tournent plutôt autour de la nation, et le patriotisme européen, qui n'est d'ailleurs pas en contradiction avec le patriotisme originel, ne concerne qu'une minorité.
     Enfin, existe-t-il une nouvelle identité européenne, une identité politique européenne, c'est-à-dire un sentiment d'appartenance non seulement à une culture commune, mais à une entité politique : la Communauté ou l'Union européenne ? (1)



4. Chaque pays a sa propre tradition pour tout ce qui touche à ses rapports avec le reste du continent européen et celle-ci prend souvent la forme de mythes fondateurs (ainsi, les invasions barbares ou les conversions au christianisme, ces titres rétrospectifs d'un statut national) ou d'une mémoire codifiée des alliances et des antagonismes qui ont servi à construire les passions identitaires. Cependant, dès qu'on rééquilibre la balance en s'appuyant sur l'Europe, la question se pose autrement, et si la pratique et l'enseignement de l'histoire européenne ne sont pas nouveaux non plus, force est de constater que l'intégration accélérée de l'espace européen relance la grande question si complexe, quelle histoire de quelle Europe faut-il produire et faire apprendre ? Si l'on veut être fidèle à trois impératifs, celui d'une vision de l'Europe qui soit intègre (sans pouvoir se prétendre intégrale), celui d'un apprentissage d'une histoire critique, seule digne d'une citoyenneté européenne future, celui enfin d'une redéfinition de l'européen par rapport au national qui rendrait au premier sa place sans nier au dernier son importance – tout en tenant compte de ce qui est possible au niveau des programmes scolaires –, la tâche n'est pas mince. Elle est pourtant incontournable. (3)



5. L'Allemagne, peut-être plus que les autres nations, se trouve exposée aux regards de l'opinion du fait de son passé […]. Les lois sur la nationalité ne devraient pas aller à contre-courant de tout le chemin parcouru par l'Allemagne dans le domaine de la démocratie depuis la fin de la guerre ni retarder son processus de « réconciliation » avec les autres Etats démocratiques. Le vrai défi pour l'Allemagne d'aujourd'hui est donc d'encourager une identification de ses « nouveaux citoyens » avec les institutions allemandes, ses principes fondamentaux et sa Constitution, de les aider à développer un sentiment de responsabilité vis-à-vis de la vie politique et de leur nouvelle « communauté de destin », fondé sur une nouvelle unité politique et de s'affirmer enfin comme un Etat-nation en Europe. (4)



6. Portant sur 18 pays européens, de la Grande-Bretagne à la Russie et de la Norvège à la Grèce, [l'exposition organisée en 1998 à Berlin sur les « mythes des nations »] avait, pour mieux rendre la comparaison possible entre chacun d'entre eux, sélectionné, avec l'aide d'historiens de ces différents pays, les cinq « mythes historiques » les plus fréquemment évoqués et célébrés dans chacun d'entre eux (pour la France, il s'agissait de la reddition de Vercingétorix à César, de la bataille de Tolbiac, de la délivrance d'Orléans par Jeanne d'Arc, de la Révolution française et de Napoléon ; pour l'Allemagne, de l'écrasement des légions de Varus par Arminius, de la mort de l'empereur Barberousse, de la Réforme luthérienne, de la levée des volontaires contre Napoléon en 1813 et de la proclamation impériale de 1871). Or cette confrontation, loin de mettre en évidence des différences irréductibles entre les « imaginaires nationaux » des pays concernés, a fait au contraire ressortir leur très grande ressemblance : organisés selon les mêmes structures, ces imaginaires s'organisent par ailleurs autour de quelques thèmes forts que l'on retrouve d'un bout à l'autre de l'Europe : la passion de la liberté (à l'extérieur comme à l'intérieur), la référence au christianisme (même si elle divise au moins autant qu'elle unit), la présence obsessionnelle de l'Islam comme l'adversaire par excellence de l'Europe, l'omniprésence de la référence (positive ou négative) à la Révolution française (et à Napoléon), l'exaltation enfin de la guerre pour la défense de la patrie et l'appel au sacrifice pour cette cause sacrée. (5)



7. Les accords de Schengen ont été signés en 1985 par cinq Etats membres, avec trois objectifs : suppression des contrôles aux frontières « intérieures » de l'espace constitué par les pays signataires, renforcement des contrôles aux frontières « extérieures », mise en place d'un système commun de visas. Si, au départ, les accords de Schengen ne couvraient que l'Allemagne, le Benelux et la France, ils ont été à l'origine d'une dynamique puisque, cinq ans plus tard, la convention organisant l'application de ces accords a été signée par quinze pays. En 1997, l'« acquis de Schengen » a été introduit dans les traités européens par le traité d'Amsterdam, sous réserve d'un « opt-out » valable pour le Royaume-Uni et l'Irlande. L'« espace Schengen » regroupe ainsi aujourd'hui vingt-deux Etats membres de l'Union sur vingt-sept (outre le Royaume-Uni et l'Irlande qui bénéficient d'une dérogation permanente, Chypre, la Bulgarie et la Roumanie restent provisoirement en dehors), ainsi que trois Etats non membres (l'Islande, la Norvège, la Suisse) auxquels le Liechtenstein doit bientôt s'ajouter. Là également, il est clair que c'est le recours à une coopération spécialisée qui a permis de lever les obstacles de départ. Comme cette coopération concrétisait une attente des citoyens, le dispositif a eu une grande force d'attraction, de telle sorte qu'il s'applique aujourd'hui à la très grande majorité des Etats membres. Par ailleurs, l'exemple des accords de Schengen montre qu'il n'y a pas contradiction entre le recours à une coopération spécialisée et les voies traditionnelles de la construction européenne, puisque les accords de Schengen ont été intégrés dans les traités européens au bout d'une douzaine d'années. Enfin, cet exemple montre qu'un autre intérêt des coopérations spécialisées est de permettre l'association d'Etats non membres autour d'un objectif précis d'intérêt commun. De cette manière, le problème de l'adhésion peut se trouver quelque peu dédramatisé : ce n'est plus nécessairement tout ou rien, un Etat peut participer à certaines réalisations concrètes qui l'intéressent particulièrement sans avoir à devenir membre à part entière. (237 : 2008-2009)



(1) Frank R., 2001, « Une histoire problématique, une histoire du temps présent »,Vingtième Siècle, vol. 71, n° 1.
(2) Schnapper D., 2001, « Histoire, citoyenneté et démocratie »Vingtième Siècle, vol. 71, n° 1.
(3) Horne J., 2001, « Une histoire à repenser » Vingtième Siècle, vol. 71, n° 1.
(4) Kastoryano R., 2001, « Nationalité et citoyenneté en Allemagne aujourd'hui », Vingtième Siècle, vol. 70, n° 1.
(5) François E., 2001, « Les vertus du bilatéral », Vingtième Siècle., vol. 71, n° 1.






 
 
 

 

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