| EXERCICE 67, UNITÉ IV 3.1. Clarifier
CONSIGNE Quelle valeur particulière peut-on attribuer aux mots introduits par donc ? - attribution d'un sens particulier lié au contexte (le sens est annoncé par ce qui précède) - attribution d'un sens particulier lié au contexte (le sens est développé dans ce qui suit) - attribution d'un sens particulier lié au contexte (le sens n'est ni annoncé, ni développé par la suite)
EXEMPLE Puisqu'il faut ici faire un cours de sémantique élémentaire, rappelons qu'aliéner en français (ou « alienate » en anglais) vient de alienare (de alienus, « qui appartient à un autre, alius ») et désigne tout mouvement vers un autre avec cette idée de prise de l'autre sur la chose qui était sienne ou sur soi (comme dans l'aliénation mentale ou l'aliénation dans les écrits du jeune Marx) ; en un sens un peu vieilli, le terme signifie l'éloignement ou le fait de rendre hostile (comme dans l'expression « s'aliéner les esprits ») ; au sens technique de la langue juridique, qui reste en anglais comme en français le sens principal, l'aliénation désigne tout acte qui transfère à un autre la propriété sur une chose, transfert qui se fait dans un achat-vente ou à l'issue de toute sorte d'obligation, ou encore dans le don. Par définition, un bien aliénable est un bien qui peut être transféré et un bien inaliénable est un bien qui ne peut l'être (comme la terre en Afrique par exemple ou la personne chez nous) ; par définition, donc, un bien inaliénable ne saurait être donné et si un bien peut être donné, il ne saurait, toujours par définition, être inaliénable. C'est pourquoi parler de « dons de biens inaliénables » est un non-sens dans les termes. (1)
RÉPONSE Valeur particulière : attribution d'un sens particulier lié au contexte (le sens est annoncé par ce qui précède) L'auteur résume ce que tout ce qu'il vient de développer implique pour la définition de « bien inaliénable ».
1. Le défi principal que doivent affronter les régimes d'Etat-providence est le passage à l'économie postindustrielle ou tertiaire. La raison principale de la crise tient à l'« effondrement » de la société industrielle et, avec elle, à celle du plein-emploi qui rendait possible des politiques d'Etat-providence généreuses. Le déclin de la société industrielle provoque non seulement la mise à l'écart des moins qualifiés, mais aussi, en raison du théorème de Baumol, une baisse généralisée de la productivité et des charges fiscales élevées. La croissance économique ralentit en raison du transfert de la population active du secteur de l'industrie au secteur des services tandis que les dépenses de l'Etat social augmentent mécaniquement du fait, notamment, du vieillissement de la population. L'augmentation consécutive de la charge sociale (contributions sociales) et de la charge fiscale provoque des effets économiques (perte de compétitivité, augmentation de la dette), et politique (révolte des classes moyennes). Cette évolution pose de manière aiguë la nécessité de la limitation des dépenses sociales, donc des politiques de retranchement (retrenchment). D'une certaine manière, il est possible d'affirmer que la croissance des Etats-providence a atteint ses limites. (2)
2. Le vieillissement de la population et le déclin de la productivité du travail minent la solidité des régimes par répartition qui ne peuvent se maintenir qu'au détriment de l'emploi des « outsiders » (femmes, jeunes). Tous les gouvernements sont sensibles à ce problème et cherchent à introduire des réformes de grande ampleur. Les réformes peuvent être radicales mais dans des sens différents (comme en Grande-Bretagne, au Danemark, en Australie), intermédiaires (passage à un système dit « notionnel »), c'est-à-dire combinant le principe de répartition et celui de la cotisation définie (comme en Suède et en Italie), ou très incrémentales (Etats-Unis, France, Allemagne). Selon la logique de classe, on pourrait s'attendre à ce que la différence entre les politiques de gauche et les politiques de droite soit particulièrement significative. Or, l'analyse empirique révèle que le type de partis au pouvoir influe peu sur la nature des réformes. Dans une logique néo-institutionnaliste, on pourrait penser que l'appartenance à un régime d'Etat-providence joue le rôle de facteur déterminant. Cet argument est écarté par John Myles et Paul Pierson. Plus que l'encastrement des systèmes de retraites dans des régimes, c'est le caractère plus ou moins ancien, donc institutionnalisé, des arrangements existants qui fait office de facteur déterminant en dernière instance. Lorsque les pays sont dotés depuis longtemps de systèmes de retraites par répartition (earlycomers comme l'Allemagne ou la France), les réformes sont presque impossibles à mettre en œuvre. En revanche, dans les pays où ces régimes sont apparus récemment (latecomers comme la Grande-Bretagne) les réformes sont relativement aisées. (2)
3. Beck souligne le déclin actuel des institutions autrefois garantes de l'ordre social dans les sociétés industrielles (en particulier les classes sociales et la famille nucléaire). Ces institutions bornaient et orientaient les aspirations individuelles, mais fournissaient de précieux repères. L'émancipation de l'individu à leur égard n'est donc pas seulement une libération, elle induit aussi une perte de repères. L'individu est livré à lui-même dans une société complexe. Son avenir s'est ouvert, il ne reproduit plus le passé : il ne marche plus sur les traces de ses parents. Pour Giddens, l'individu contemporain serait donc contraint de prendre son destin en main, de construire lui-même son identité et sa trajectoire personnelle, ce que ce sociologue anglais nomme son « projet réflexif ». La réalisation de ce projet constituerait une tâche presque quotidienne : l'individu a de plus en plus de décisions à prendre, il s'interroge fréquemment sur lui-même, fait un point critique sur sa situation et ses aspirations, reconsidère sa position et modifie éventuellement sa trajectoire. L'individu lui-même est donc devenu incertain, et cette incertitude inhérente au projet réflexif constitue pour lui une source d'angoisse diffuse, contre laquelle il doit lutter pour éviter qu'elle ne le submerge et ne le paralyse. Pour construire son projet et atténuer cette angoisse, il peut mobiliser les systèmes experts disponibles, qui lui permettent de réintroduire des routines dans son existence, donc de la stabilité. (3)
4. […] dans des situations anxiogènes, il [l'homme moderne] aurait tendance à se tourner à nouveau vers la magie pour réduire ses angoisses. Piaget considère ainsi la superstition comme une régression infantile provisoire causée par l'anxiété, l'individu renouant avec une vision du monde animiste typique de la petite enfance. De même, pour Malinowski, dans des situations cruciales et incertaines, donc très anxiogènes, nous éprouverions un besoin viscéral de nous rassurer, auquel répondrait la magie. Le sociologue anglais Colin Campbell reproche à ces explications leur caractère universel et a-historique : partout et de tout temps, la magie et la superstition satisferaient aux mêmes besoins. (3)
5. La responsabilité est une construction sociale, donc une notion qui peut revêtir autant de sens différents que de représentations constitutives d'expériences vécues. Tout individu ou tout groupe d'individus peut élaborer des modes de responsabilisation dans un contexte de marginalité au regard de la société. (4)
6. L'éthologie cognitive ne se contente pas d'une description du comportement social, elle cherche aussi à établir des hypothèses sur la nature de la connaissance qui permet aux primates d'avoir des interactions complexes. Par exemple, pour former une alliance, les vervets doivent se représenter non seulement des occurrences d'interaction mais aussi des types d'interaction, donc bâtir des modèles pour interagir. (5)
(1) Testart A., 2001, « Echange marchand, échange non marchand », Revue Française de Sociologie, vol. 42, n° 4. (2) Merrien F-X., 2002, « Etats-providence en devenir : Une relecture critique des recherches récentes », Revue Française de Sociologie, vol. 43, n° 2. (3) Peretti-Watel P., 2002, « Sous les étoiles, rien de nouveau ? L'horoscope dans les sociétés contemporaines », Revue Française de Sociologie, vol. 43, n° 1. (4) Lacombe P., Moulin C., 2000, « Les mineurs délinquants, entre répression, médiatisation, sanction, éducation et responsabilisation », Déviance et société, vol. 24, n° 2. (5) Conein B., 1992, « Ethologie et sociologie : Contribution de l'éthologie à la théorie de l'interaction sociale », Revue Française de Sociologie, vol. 33, n° 1.
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