| EXERCICE 86, UNITÉ IV 3.3. Rectifier
CONSIGNE Montrez, en relevant les mots qui s'opposent, comment les auteurs construisent avec en réalité l'opposition entre deux représentations.
EXEMPLE Au premier rang des forces psychologiques qui dominent l'histoire figurent les forces mystiques. Leur rôle fut toujours prépondérant parce qu'elles constituèrent le grand stimulant des efforts individuels et collectifs d'où la vie des peuples dérive. Je ne saurais m'étendre ici sur cette influence, ayant déjà consacré un livre à montrer comment les croyances naissent, grandissent et meurent, comment après s'être fixées dans l'esprit elles orientent les actions. J'ai essayé surtout d'expliquer ce fait fondamental que des croyances contraires à la raison ont pu être admises par les savants les plus éminents. Ce phénomène semblait incompréhensible à l'époque où l'on considérait les croyances, comme volontaires et rationnelles alors qu'elles sont en réalité involontaires et irrationnelles. Toute l'histoire des croyances religieuses et des croyances politiques dérive de ces notions fondamentales. La propagation de la croyance dans l'inconscient par contagion mentale, suggestion, prestige, etc., exerça dans la vie des peuples un rôle fort supérieur à celui de la raison. (1)
RÉPONSE Les mots qui s'opposent : volontaires et rationnelles / involontaires et irrationnelles
1. Les événements que chaque jour voit surgir ne sont pas, en réalité, des créations du présent, mais celles d'un long passé. Quand un peuple a été unifié par des siècles d'intérêts semblables, de croyances identiques, il possède des dominantes héréditaires dont l'ensemble constitue l'entité appelée âme nationale. C'est elle qui agit dans les grandes circonstances menaçant l'existence de la race, une invasion par exemple. C'est encore cette âme nationale qui fait que tous les membres d'une race présentent malgré leurs différences individuelles tant de caractères communs : Anglais, Bretons, Auvergnats, Provençaux, Japonais, etc., possèdent des modes de sentir et de penser, souvent même des modes de raisonnement, qui les font reconnaître immédiatement. (1)
2. Les apôtres des croyances politiques nouvelles, destinées à remplacer les anciennes croyances religieuses, s'imaginent défendre des idées fort avancées, alors qu'en réalité ils retournent le plus souvent à des formes d'évolution inférieure dépassées depuis longtemps. (1)
3. Les erreurs du traité de paix qui termina la dernière guerre constituent un exemple frappant des conséquences que les illusions psychologiques peuvent avoir dans la vie des peuples. Il ne sera pas inutile d'en examiner la genèse. L'ignorance de l'état politique de l'Allemagne était alors générale. On considérait ce grand pays comme un empire complètement unifié, tandis qu'il se composait, en réalité, de royaumes distincts, momentanément agrégés pour une défense commune. (1)
4. Il existe actuellement plusieurs grands partis en France, séparés surtout par leurs compétitions : radicalisme, syndicalisme, socialisme et communisme sont les plus influents. Le parti radical se rapproche de plus en plus du socialisme, avec lequel il fusionnera fatalement un jour. Ces partis divers sont dominés par d'irréalisables utopies que leurs défenseurs considèrent comme d'éclatantes vérités. Toutes ces divisions politiques ne sont d'ailleurs qu'apparentes. En réalité, il n'existe en France, comme je l'ai souvent répété, qu'un seul parti, sous des appellations diverses, l'étatisme. (1)
5. La mentalité radicale moderne est tout à fait voisine de la mentalité jacobine de l'époque révolutionnaire. Le jacobin n'est pas, en réalité, un rationaliste, mais un croyant. Loin d'édifier sa croyance sur la raison, il moule des arguments rationnels sur sa croyance, et n'est jamais influencé par un raisonnement, quelle qu'en soit la justesse. (1)
6. La violence symbolique est ce par quoi les dominants non seulement maintiennent leur domination, mais encore dissimulent l'existence de cette domination : ils la rendent intangible en imposant des « croyances » partagées qui font apparaître les liens sociaux comme « naturels » ou « évidents » ou « pacifiques » là-même où la violence, en réalité, ne cesse d'opérer en se faisant méconnaître comme telle. Cette conception conduit à une redéfinition de la notion de légitimité en ce qu'elle est détachée d'un horizon de justice pour être réduite à une technique d'imposition de croyances. Du même coup, pour dévoiler la violence symbolique, il faut consacrer l'attention aux instances de production de ces croyances. Concernant l'Etat, sa légitimité n'est qu'un produit dérivé. (2)
7. La plupart des militaires expliquent qu'en raison de leur qualité de technicien – consubstantielle au métier de militaire – ils avaient a priori du mal à évaluer ce que pouvaient apporter les compétences civiles, jugées comme trop généralistes. Or, le concept global de gestion de crise de l'UE, qui accorde autant, sinon davantage d'importance aux instruments civils de résolution des conflits, a corrigé cette image, en démontrant à l'inverse la technicité et la spécificité des domaines d'intervention civils. Beaucoup voient dans cette expérience l'ouverture de nouveaux horizons, particulièrement enrichissants. A leurs yeux, le vrai défi de l'Europe de la défense est de parvenir à harmoniser les moyens civils et militaires. En effet, « alors que l'objectif affiché par la stratégie de sécurité est la mise sur pied d'un outil multidimensionnel, on s'aperçoit en réalité que la synergie entre instruments civils et militaires n'existe pas ». (3)
(1) Le Bon G., 1931, Bases scientifiques d'une philosophie de l'histoire. (2) Moreau de Bellaing C., Linhardt D., 2005, « Légitime violence ? Enquêtes sur la réalité de l'Etat démocratique », Revue française de science politique, vol. 55, n° 2. (3) Bagayoko-Penone N., 2006, « L'européanisation des militaires français, Socialisation institutionnelle et culture stratégique », Revue française de science politique, vol. 56, n° 1.
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