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EXERCICE 71, UNITÉ III
3.2. Limiter les conséquences attendues ou la validité de [P]


CONSIGNE
Expliquez le rapport que l'auteur des extraits suivants établit entre [P] et [pour autant Q].

EXEMPLE
On peut être linguiste sans pour autant parler de langue étrangère.

RÉPONSE
L'auteur établit un rapport entre linguistique et connaissance des langues étrangères.
L'auteur montre l'absence d'implication entre elles.



1. La comparaison interculturelle se heurte à des difficultés de fond qui rendent l'exercice périlleux, même s'il n'en est pas moins nécessaire pour autant. (1)



2. La norme française est l'inconstance de la norme, et ce paradoxe est au cœur de la culture. Comme la culture française est implicite, on ne peut naturellement pas débattre de la norme, ce qui en maintient la variabilité d'une situation à l'autre. En fait, tout cela permet à la norme française d'être situationnelle ; on peut sortir d'un chapeau les lois et principes dont on a besoin en fonction des circonstances, tout en prétendant faire référence à des principes universels et immuables. Ce qui n'empêche pas pour autant les Français de s'affirmer cartésiens !



3. Les Français cultivent l'illusion d'être omnipotents du fait de leur intelligence ; pour autant, il leur est très difficile de comprendre de l'extérieur à quel point ce qu'ils appellent de façon critique le juridisme américain, parce qu'ils redouteraient qu'il s'appliquât à eux, est en fait, outre-Atlantique, une façon normale de penser. Lorsqu'un Américain rencontre un interlocuteur, il a d'abord à l'esprit la situation de droit dans laquelle ils se trouvent tous deux. Ce n'est à l'évidence pas la première pensée d'un Français que de se demander avant toute chose quel droit s'applique.



4. Sur un document, la signature française se veut aussi personnelle, spécifique que possible, alors que la signature américaine se veut refléter exactement et fidèlement le nom de la personne. La signature française doit être illisible, pour être personnelle. En France, elle est un signe de différentiation, aux Etats-Unis, elle est une marque d'identification. Le paraphe de John Hancock, président du Continental Congress de 1776 et l'un des signataires de la Déclaration d'indépendance, n'est passé à la postérité et dans le vocabulaire américain que parce qu'il était exceptionnellement alambiqué. L'Américain n'a pas d'états d'âme en face de tâches répétitives s'inscrivant exactement dans une procédure prédéfinie ; il n'a pas l'impression d'en exister moins pour autant.



5. Encore très imbibés de la verticalité qu'ils ont héritée de la féodalité puis de la royauté, les Français ne tolèrent pas d'avoir la position basse dans une relation. Ayant été constamment critiqués dans leur enfance, ils cherchent à renverser les termes de la domination en étant critiques à leur tour, envers les Américains cette fois-ci. Et de noter tout décalage entre les paroles et les actes, et de les accuser d'hypocrisie, et de trouver tous les arguments pour leur montrer que ce sont eux les mauvais, ce qui permet alors ipso facto de se trouver bon. Ce qui précède ne signifie pas nécessairement pour autant que les Américains ont raison. Leur attitude moralisatrice irrite ; le grand écart entre le légalisme en interne et l'action directe en externe exaspère ; l'idée d'« axe du mal » vient malencontreusement placer frontalement le débat sur le terrain de la guerre sainte ; et la notion de guerre préventive pose assurément question.



(1) Tous les passages sont extraits de Baudry P., 2007, Français et Américains, L'autre rive, Paris, Village Mondial / Pearson Ed., troisième édition.




 
 
 

 

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